Depuis lors, Monsieur BIYA nâa eu de cesse de tenter de museler ce parti en arrĂȘtant, torturant et dĂ©tenant de maniĂšre illĂ©gale et arbitraire ses militants et sympathisants. Le rĂ©gime a ainsi instaurĂ© la dĂ©tention arbitraire, la torture et autres traitements inhumains, humiliants et dĂ©gradants, un outil central de son arsenal de conservation du pouvoir de Monsieur Biya qui en est donc la clef de voĂ»te. Ce dernier sâappuie, Ă cet Ă©gard, sur un rĂ©seau de personnages assumant des responsabilitĂ©s diverses. Nous les prĂ©senterons les uns aprĂšs les autres, Ă la fois du point de vue de leurs fonctions officielles ou officieuses ou des faits qui leur sont attribuĂ©s.â
Au Cameroun, les tribunaux militaires sont devenus un rouage important de la machine de rĂ©pression mise en place par le rĂ©gime Biya contre lâopposition politique en gĂ©nĂ©rale, et les militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) en particulier (MRC) en particulier.
Pourtant, les tribunaux militaires ne devraient en aucun cas ĂȘtre compĂ©tents pour juger des civils, ainsi quâil est rappelĂ© dans les directives et principes sur le droit Ă un procĂšs Ă©quitable de la Commission africaine des droits de lâhomme et des peuples et dâautres instruments juridiques internationaux.
Les directives et principes sur le droit Ă un procĂšs Ă©quitable de la Commission africaine des droits de lâhomme et des peuples et dâautres instruments juridiques internationaux.
A la suite de la marche pacifique du 22 septembre 2020, pas moins de 500 personnes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es, en majoritĂ© des militants et sympathisants du MRC, dont 126 sont aujourdâhui encore en dĂ©tention.
Jamais Ă court de manĆuvres incongrues pour intimider et museler le MRC, le rĂ©gime de YaoundĂ© a mis en place une division inexplicable de lâaction publique qui sâexerce, tantĂŽt devant les juridictions de droit commun comme au tribunal de premiĂšre instance, tantĂŽt devant les juridictions dâexception comme câest le cas au tribunal militaire pour les mĂȘmes faits qualifiĂ©s dâinfraction.
Au moins 48 autres militants du MRC arrĂȘtĂ©s le 22 septembre, ont Ă©tĂ© inculpĂ©s pour « tentative de rĂ©volution », « rĂ©bellion », « attroupement aggravĂ© » et « dĂ©faut de carte dâidentitĂ© » par le tribunal militaire de YaoundĂ©, et placĂ©s en dĂ©tention provisoire Ă la prison centrale de la ville. Câest le cas notamment de Olivier BIBOU NISSACK, porte-parole de Maurice KAMTO, et de Alain FOGUE TEDOM, trĂ©sorier national du MRC.
Depuis leur placement en dĂ©tention provisoire, les militants du MRC incarcĂ©rĂ©s depuis le 22 septembre 2020 voient les audiences de demande de mise en libertĂ© systĂ©matiquement renvoyĂ©es pour des motifs aussi fallacieux que «lâabsence dâĂ©clairage de la salle dâaudience », « dĂ©faut dâextraction » de leurs lieux de dĂ©tention.
Le juge dâinstruction sâemploie Ă faire traĂźner les procĂ©dures pour rassurer le rĂ©gime quant au maintien en dĂ©tention des militants et cadres du MRC emprisonnĂ©s. Le juge dâinstruction sâemploie Ă faire traĂźner les procĂ©dures pour rassurer le rĂ©gime quant au maintien en dĂ©tention des militants et cadres du MRC emprisonnĂ©s.
Le Collectif dâavocats Me Sylvain Souop constituĂ© dans la dĂ©fense des militants du MRC, qui nâa eu de cesse de dĂ©noncer des de violations des droits de leurs clients, notamment des violences physiques perpĂ©trĂ©es par les forces de lâordre, sâoffusque de la lenteur dans la procĂ©dure et pointe du doigt le magistrat JoĂ«l Albert BIAS
En effet, le 24 fĂ©vrier 2021, le Collectif dâavocats Me Sylvain Souop a adressĂ© Ă Madame la PrĂ©sidente du tribunal militaire de YaoundĂ© une requĂȘte aux fins de dessaisissement-remplacement du juge dâinstruction JoĂ«l Albert BIAS pour dĂ©ni de justice, violation des dĂ©lais raisonnables et vice de partialitĂ©.
Dans le communiquĂ© de la mĂȘme date, les avocats dĂ©noncent « la somnolence de lâinformation judiciaire » et lâinertie caractĂ©risĂ©e par lâabsences dâactes dâinvestigation depuis le placement des inculpĂ©s en dĂ©tention.
Le juge dâinstruction JoĂ«l Albert BIAS, viole allĂšgrement un principe fondamental du droit, le dĂ©lai raisonnable ; principe dont le respect est dâautant plus indispensable que les personnes inculpĂ©es sont privĂ©es de libertĂ© et que la procĂ©dure doit ĂȘtre caractĂ©risĂ©e par lâurgence et une obligation de diligences.
Les militants détenus et leurs conseils justifient la demande de récusation de ce juge par
« des doutes lĂ©gitimes sur son aptitude Ă conduire avec impartialitĂ© les investigations nĂ©cessaires Ă la mission de juge dâinstruction militaire quâil a acceptĂ©, Ă savoir, rassembler les Ă©lĂ©ments Ă charge mais aussi Ă dĂ©charge des infractions quâil a lui-mĂȘme qualifiĂ©es de « tentative de rĂ©volution, de rĂ©bellion, dâattroupement aggravĂ©, dĂ©faut de carte dâidentitĂ© ».
En 10 mois de dĂ©tention provisoire quâil a ordonnĂ©e, Ă la suite dâinculpations Ă la carte et plus fallacieuses les unes que les autres, le juge dâinstruction JoĂ«l Albert BIAS nâa effectuĂ© aucune diligence, nâa rendu aucun acte, nâa entendu aucune des personnes quâil a placĂ©es en dĂ©tention. Les personnes dĂ©tenus sont fondĂ©es Ă conclure que
« la somnolence constatĂ©e du juge dâinstruction dĂ©signĂ©, Mr Bias JoĂ«l Albert, Ă©tant de nature plutĂŽt Ă crĂ©er le sentiment que les requĂ©rants, dĂ©tenus en lâĂ©tat, nâiront jamais en jugement Ă temps, et ne bĂ©nĂ©ficieront jamais dâune justice rendue dans les dĂ©lais raisonnables par des juridictions Ă©tablies par la loi, parce que subissant dĂ©jĂ les condamnations secrĂštes qui ont Ă©tĂ© prononcĂ©es par des juges invisibles et inaccessibles dâeux ».
Et le Collectif Me Sylvain SOUOP de conclure que
« les dĂ©tenus ont le sentiment que lâouverture dâune instruction par le juge dâinstruction militaire BIAS JoĂ«l Albert sur une durĂ©e de 6 mois nâa Ă©tĂ© quâun nouveau moyen de leur infliger de nouvelles peines arbitraires ». Ce juge « agit comme sâil avait consommĂ© un somnifĂšre ; il nâa jusquâalors posĂ© aucun acte substantiel dâinstruction, nâa Ă©mis, mĂȘme pas lâavis de premier interrogatoire depuis la signature des ordonnances et des mandats de dĂ©tention provisoire ».
Les autoritĂ©s judiciaires du Cameroun, pays de lâinsĂ©curitĂ© judiciaire, ont dĂ©cidĂ©, envers et contre toute logique de maintenir JoĂ«l Albert BIAS comme juge dâinstruction dans ce dossier.
Câest dans ces conditions que par requĂȘte du 8 juillet 2021, Les militants et sympathisants du MRC arbitrairement dĂ©tenus Ă la prison de Nkondengui ont individuellement saisi Madame la PrĂ©sidente de la Cour dâAppel du Centre dâune nouvelle demande de rĂ©cusation du juge dâinstruction JoĂ«l Albert BIAS.
Ce juge refuse de statuer tant sur la demande de mise en libertĂ© que sur les conclusions dâincompĂ©tence du tribunal militaire introduite depuis le 23 mars 2021.
Pour les militants incarcĂ©rĂ©s, ce refus de dire le droit ne peut ĂȘtre que la consĂ©quence de la manifestation dâun sentiment dâhostilitĂ© nourri Ă leur encontre en tant que militant du MRC, parti dâopposition que le rĂ©gime en place a entrepris de rĂ©primer systĂ©matiquement.
En se faisant lâinstrument de la rĂ©pression, de la nĂ©gation et la violation des droits fondamentaux par le rĂ©gime de YaoundĂ©, JoĂ«l Albert BIAS nâest pas le juge indĂ©pendant et partial qui instruit Ă charge et Ă dĂ©charge dans le respect des droits de la dĂ©fense. Il est devenu un acteur majeur de la « torture judiciaire », pour utiliser ce concept cher Ă Me Meli, institutionnalisĂ©e au Cameroun. JoĂ«l Albert BIAS est la petite main de la machine judiciaire Ă broyer lâopposition politique du MRC.
Le comble de lâinjustice, câest que ce systĂšme a pris lâhabitude de se rĂ©fugier derriĂšre ce quâil appelle la force de la loi.
Comme lâa dit Montesquieu, « il nây a point de plus cruelle tyrannie que celle quâon exerce Ă lâombre des lois et avec les couleurs de la justice ».