En effet, le 22 septembre 2020, plus de 500 personnes avaient Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es sous le prĂ©texte de leur participation Ă des marches pacifiques organisĂ©es par une coalition de partis politiques et dâassociations de la sociĂ©tĂ© civile, dont le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). A travers lâexpression pacifique de leur droit constitutionnel Ă manifester et Ă sâexprimer, les manifestants rĂ©clamaient notamment la fin de la guerre civile en cours dans les rĂ©gions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays et l’organisation d’un dialogue national inclusif, la rĂ©forme consensuelle du systĂšme Ă©lectoral. Ils exprimaient aussi leur dĂ©sapprobation de la corruption institutionnalisĂ©e du rĂ©gime et des atteintes multiformes Ă la fortune publique.
Plus de huit mois plus tard, et aprĂšs avoir Ă©tĂ© brutalisĂ©s, torturĂ©s et mutilĂ©s, 126 de ces manifestants croupissent encore de maniĂšre illĂ©gale et arbitraire, dans des conditions incompatibles avec les standards internationaux en matiĂšre de dĂ©tention. Comme lâavaient anticipĂ© les experts des droits de lâhomme des Nations Unies, ces manifestants pacifiques comparaissent devant les tribunaux militaires pour des chefs dâinculpation aussi creux que ridicules tels que tentative de rĂ©volution, rĂ©bellion, dĂ©faut de carte nationale dâidentitĂ©, attroupement aggravĂ©, tentative dâinsurrection en coaction, conspiration, outrage au PrĂ©sident de la RĂ©publique ; etc. Ces Camerounais, tous des civils comparaissant devant les tribunaux militaires, contrairement à la lĂ©gislation et la jurisprudence camerounaises ainsi qu’aux engagements internationaux du Cameroun, encourent, pour beaucoup, la peine de mort simplement pour avoir prĂŽnĂ© la cessation immĂ©diate d’une guerre fratricide avec son lot de morts, et une amĂ©lioration des rĂšgles du jeu Ă©lectoral. Bref, leur crime est d’avoir exigĂ© la construction dâune paix vĂ©ritable car durable parce que assise sur le dialogue, la rĂ©forme des institutions et la mise en place dâun systĂšme Ă©lectoral qui permet aux citoyens de se doter de dirigeants lĂ©gitimes. Car, comme le rappellent les experts des droits de lâhomme des Nations Unies, « [âŠ] tout individu a le droit d’organiser et de participer Ă des rĂ©unions pacifiques, de s’associer avec d’autres et de prendre part Ă la conduite de la vie publique. Aucun de ces actes n’est un crime, et le Cameroun devrait cĂ©lĂ©brer et accepter la dissidence, car une vĂ©ritable dĂ©mocratie prend en compte les demandes de la population au lieu de les rĂ©primer. »Â
Malheureusement, le Cameroun est loin d’ĂȘtre une dĂ©mocratie : rĂ©primer par tous les moyens et sans aucune retenue ceux qui posent des questions ou expriment leur dĂ©saccord sur la gestion des affaires publiques, afin de prĂ©server son emprise sur tous les leviers du pouvoir dans le pays est lâune des marques distinctives du rĂ©gime de Monsieur BIYA. Lâattachement allĂ©guĂ© de ce dernier aux principes et valeurs dĂ©mocratiques est seulement incantatoire. Si tel nâĂ©tait pas le cas, 126 militants et sympathisants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun ne seraient pas illĂ©galement dĂ©tenus depuis plus de huit mois au prĂ©texte de leur participation aux marches pacifiques du 22 septembre 2020. En vĂ©ritĂ©, nombre dâentre eux nâont mĂȘme pas pris part aux marches. Le Professeur Alain FOGUE TEDOM, TrĂ©sorier national du MRC a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© la veille des manifestations alors que Monsieur Olivier BIBOU NISSACK, Conseiller et Porte-parole du PrĂ©sident national du MRC a Ă©tĂ© kidnappĂ© Ă Â son domicile le jour prĂ©vu pour les marches. Monsieur Pascal ZAMBOUE, SecrĂ©taire national en charge du DĂ©veloppement et de lâInspection du MRC a Ă©tĂ© quant Ă lui kidnappĂ© par des agents du rĂ©gime le 22 octobre 2020 Ă Douala, c’est-Ă -dire un mois aprĂšs les marches pacifiques, avant dâĂȘtre transfĂ©rĂ© nuitamment dans la ville de YaoundĂ©. Toutes ces personnes, ainsi que leurs codĂ©tenus sont des otages du rĂ©gime BIYA et Ă ce titre des prisonniers politiques. Leur place nâest pas Ă lâintĂ©rieur des murs de dĂ©shumanisation que constituent les prisons et centres de dĂ©tention du Cameroun. La place de Monsieur Salomon BEAS, jeune entrepreneur inspirĂ© et prometteur est dans les vastes chantiers de la reconstruction Ă©conomique et politique du Cameroun. Elle nâest pas Ă la prison de New Bell Ă Douala. La place de Madame ASSOMO, militante engagĂ©e, mĂ©nagĂšre conscientisĂ©e et aspirant Ă des lendemains meilleurs pour ses enfants sans emploi, n’est pas Ă la prison de Mfou ; elle est auprĂšs des siens et dans les espaces de socialisation oĂč se construit la renaissance du Cameroun. La place des prisonniers politiques dĂ©tenus au prĂ©texte de la crise dite Anglophone est autour de la table de nĂ©gociation en vue de lâinstauration immĂ©diate dâun cessez-le feu et de leur libĂ©ration immĂ©diate dans la perspective de lâouverture dâun dialogue politique inclusif.Â
CameroonStopRepression se donne pour mission de contribuer Ă la libĂ©ration immĂ©diate des militants et sympathisants du MRC, otages politiques du rĂ©gime BIYA ainsi que celle de tous les prisonniers politiques du systĂšme dictatorial en place. A travers des actions de sensibilisation et de mobilisation idoines, nous exposerons, par des faits et des analyses, la nature perverse et cynique de ce rĂ©gime qui, sâappuyant sur lâensemble de lâappareil de lâEtat, habille dâoripeaux judiciaires une campagne systĂ©matique dâĂ©puration politique. De fait, « Ă un moment charniĂšre de lâhistoire de notre pays oĂč lâinstitution judiciaire sâest trouvĂ©e en capacitĂ© de contribuer au renforcement de lâĂ©tat de droit et de la dĂ©mocratie au Cameroun en faisant prĂ©valoir la force au droit, une certaine justice camerounaise a pris fait et cause pour le droit de la force et lâinjustice, en sâĂ©rigeant en un pilier de la dictature » (Maurice KAMTO). Oui, au Cameroun, lâinstitution judicaire est devenue complice de lâensauvagement de lâEtat en recourant Ă des techniques honteuses, y compris le prononcĂ©, Ă lâencontre de manifestants politiques du double de la peine maximale prĂ©vue par le code pĂ©nal qui aurait Ă©tĂ© appliquĂ©e si l’existence d’une infraction avait Ă©tĂ© Ă©tablie. Du fait dâune certaine justice, la privation de libertĂ© est devenue – contrairement Ă ce que prĂ©voit la loi – la rĂšgle, y compris quand les conditions de comparution en libertĂ© du citoyen sont remplies : les demandes dâhabeas corpus des dĂ©tenus politiques du MRC sont ainsi systĂ©matiquement rejetĂ©es, aprĂšs avoir Ă©tĂ© examinĂ©es par les mĂȘmes magistrats en mission. Monsieur Amadou VAMOULKE, autre citoyen camerounais dĂ©tenu pour des motifs manifestement politiques est dĂ©tenu sans procĂšs depuis cinq ans alors quâil aurait pu comparaĂźtre libre. GrĂące Ă une autre trouvaille de la justice politique camerounaise, les audiences au fond dans son affaire font lâobjet de renvois systĂ©matiques.
Que faire face Ă ces injustices et drames surannĂ©s ? Einstein disait : « Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant Ă cause de ceux qui font le mal, mais Ă cause de ceux qui regardent et laissent faire. » Coalition sans frontiĂšres dâĂąmes de bonne volontĂ© Ă©prise de libertĂ© et de justice, Cameroon-Stop-Repression entend aussi sensibiliser les soutiens et complices Ă©trangers et internationaux du rĂ©gime BIYA sur le caractĂšre contreproductif, Ă terme, de leur soutien. Ce dernier est non seulement contraire aux valeurs de dĂ©mocratie, d’Ă©tat de droit et de libertĂ© que les Etats, institutions internationales et entreprises multinationales concernĂ©s prĂ©tendent porter, mais Ă contre-courant des aspirations profondes du peuple camerounais.
Le site internet cameroon-stop-repression.org a pour vocation de constituer une source dâinformation de premiĂšre main sur la situation des prisonniers politiques au Cameroun. Une fresque permet de dĂ©couvrir le visage et le profil des femmes et des hommes actuellement privĂ©s de libertĂ© pour des raisons politiques. Progressivement et dans la mesure du possible, des vidĂ©os tenterons de donner la mesure de lâimpact nĂ©gatif de la dĂ©tention arbitraire prolongĂ©e de ces personnes dans la vie publique, leurs cadres professionnels, familiaux et autres. GrĂące Ă la contribution des avocats des prisonniers politiques en gĂ©nĂ©ral, notamment des membres du Collectif Sylvain SOUOP, un point est fait sur lâĂ©tat des diffĂ©rentes procĂ©dures judiciaires concernant leurs clients. Bien que rien dâobjectif ne soit attendu des procĂ©dures judiciaires en cours au Cameroun, leur prĂ©sentation ainsi que les Ă©clairages des conseils donneront la mesure de lâinventivitĂ© dâune justice aux ordres en dictature en plein 21Ăšme siĂšcle ! Pour camper le dĂ©cor et contextualiser la situation des dĂ©tenus et otages politiques du rĂ©gime BIYA, des Ă©lĂ©ments dâinformation gĂ©nĂ©rale sur le pays sont prĂ©sentĂ©s directement ou Ă travers des liens vers dâautres sites. Plus important que tout, nous comptons donner lâopportunitĂ© Ă tous de se joindre Ă nous dans le cadre de ce projet salutaire pour le Cameroun.
Cameroonstoprepression.org vous donne lâoccasion de nous accompagner Ă votre convenance.